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New layout
I found this community,
vestiges, where you can find pretty layouts. The best comm for DW layouts I've come across so far. I'm quite satisfied with this one. It's lovely. I like to write, but I wouldn't write in an ugly notebook. It's the same for blogs, I won't update my journal if the layout is not nice. I'm one of these persons who takes appearance way too seriously. If I was a princess, I'm not sure I would kiss my toad! ;)
![[personal profile]](https://www.dreamwidth.org/img/silk/identity/user.png)
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on a side note...
Argh, why is my userpic not showing above? Grrr... CSS codes will kill me!
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Will you still need me when I'm sixty-four?
'You're a rotten driver', I protested. 'Either you ought to be more careful, or you oughn't to drive at all'.
'I am careful'.
'No, you're not'.
'Well, other people are', she said lightly.
'What's that got to do with it?'
'They'll keep out of my way', she insisted. 'It takes two to make an accident'.
'Suppose you met somebody just as careless as yourself'.
'I hope I never will', she answered. 'I hate careless people. That's why I like you'.
The Great Gatsby, F. Scott Fitzgerald.
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Love is as good as it gets
'Maybe we should go by tube', he said.
'A taxi'll come', she said. 'I'm in no hurry'.
She remembered something a woman in Paris had told her once. A woman in her forties, much married, elegant, a little world-weary. There is nothing easier in this world, this woman had claimed, than getting a man to kiss you. Oh really? Eva had said, so how do you do that? Just stand close to a man, the woman has said, very close, as close as you can without touching - he will kiss you in one minute or two. It's inevitable. For them it's like an instinct - they can't resist. Infallible.
So Eva stood close to Romer in the doorway of the shop on Frith Street as he shouted and waved at the passing cars moving down the dark street, hoping one of them might be a taxi.
'We're out of luck', he said, turning, to find Eva standing very close to him, her face lifted.
'I'm in no hurry', she said.
He reached for her and kissed her.
Restless, William Boyd.
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Pour ne pas voir qu'un nouveau jour se lève
Depression is such a cruel punishment.
There are no fevers, no rashes,
no blood tests to send people scurrying in concern.
Just the slow erosion of the self, as insidious as any cancer.
And, like cancer, it is essentially a solitary experience.
A room in hell with only your name on the door.
Martha Manning
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C'est en haut des falaises que l'on se sent vivant
Et voilà. Maintenant le ressort est bandé. Cela n'a plus qu'à se dérouler tout seul. C'est cela qui est commode dans la tragédie. On donne le petit coup de pouce pour que cela démarre, rien, un regard pendant une seconde à une fille qui passe et lève les bras dans la rue, une envie d'honneur un beau matin, au réveil, comme de quelque chose qui se mange, une question de trop qu'on se pose un soir… C'est tout. Après, on n'a plus qu'à laisser faire. On est tranquille. Cela roule tout seul. C'est minutieux, bien huilé depuis toujours. La mort, la trahison, le désespoir sont là, tout prêts, et les éclats, et les orages, et les silences, tous les silences : le silence quand le bras du bourreau se lève à la fin, le silence au commencement quand les deux amants sont nus l'un en face de l'autre pour la première fois, sans oser bouger tout de suite, dans la chambre sombre, le silence quand les cris de la foule éclatent autour du vainqueur - et on dirait un film dont le son s'est enrayé, toutes ces bouches ouvertes dont il ne sort rien, toute cette clameur qui n'est qu'une image, et le vainqueur, déjà vaincu, seul au milieu de son silence…
Jean Anouilh, Antigone.
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I can't close my eyes and make it go away
Certaines personnes naissent avec une gomme dans la tête, d'autres avec un stylo. Les premiers effacent les horreurs qu'ils ont vues, les seconds les racontent.
Mo Hayder.
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Pendant deux années
Ne pas ouvrir les vannes. Surtout pas. Parce que depuis tant d'années maintenant qu'il paradait et qu'il grognait sur la faiblesse des gens. Des autres. De ceux qui ne savent pas ce qu'ils veulent et qui traînent toute leur médiocrité après eux.
Tant d'années qu'il regardait avec une tendresse de merde le temps de sa jeunesse. Toujours, quand il pensait à elle, il relativisait, il faisait semblant d'en sourire ou d'y comprendre quelque chose. Alors qu'il n'avait jamais rien compris.
Il sait parfaitement qu'il n'a aimé qu'elle et qu'il n'a jamais été aimé que par elle. Qu'elle a été son seul amour et que rien ne pourra changer tout ça. Qu'elle l'a laissé tomber comme un truc encombrant et inutile. Qu'elle ne lui a jamais tendu la main ou écrit un petit mot pour lui dire de se relever. Pour lui avouer qu'elle n'était pas si bien que ça. Qu'il se trompait. Qu'il valait mieux qu'elle. Ou bien qu'elle avait fait l'erreur de sa vie et qu'elle l'avait regretté en secret. Il savait combien elle était orgueilleuse. Lui dire que pendant douze ans elle avait morflé elle aussi et que maintenant elle allait mourir.
Anna Gavalda, Je voudrais que quelqu'un m'attende quelque part.
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La fleur de camélia
Indubitablement, son cœur palpitait calmement, comme à l'ordinaire. La main toujours à plat sur son torse, il essaya d'imaginer le flux paisible de son sang chaud, d'un rouge éclatant, à l'origine de ce rythme. Il songea que c'était là la vie. Que sous sa paume, il saisissait la vie même, qui s'écoulait dans l'instant. Sous sa main, il y avait comme le tic-tac d'une montre. Comme un signal d'alarme, songea-t-il aussi, qui le poussait à la mort. Ah... S'il avait pu vivre sans entendre ce rappel - si son cœur n'avait pas servi à mesurer à la fois son sang et son temps... Comme il se serait senti à l'aise... Comme il aurait été apte à goûter pleinement à la saveur de la vie ! Pourtant...
Natsume Sôseki, Et puis.
Demain
Je trahirai demain, pas aujourd'hui.
Aujourd'hui, arrachez-moi les ongles,
Je ne trahirai pas !
Vous ne savez pas le bout de mon courage :
Moi, je sais.
Vous êtes cinq mains dures avec des bagues.
Vous avez aux pieds des chaussures avec des clous.
Je trahirai demain. Pas aujourd'hui,
Demain.
Il me faut la nuit pour me résoudre.
Il ne me faut pas moins d'une nuit
Pour renier, pour abjurer, pour trahir.
Pour renier mes amis,
Pour abjurer le pain et le vin,
Pour trahir la vie,
Pour mourir.
Je trahirai demain. Pas aujourd'hui.
La lime est sous le carreau,
La lime n'est pas pour le bourreau,
La lime n'est pas pour le barreau,
La lime est pour mon poignet.
Aujourd'hui je n'ai rien à dire.
Je trahirai demain.
Marianne Cohn
(dite Marianne Colin)
née le 17/09/22. Assassinée le 08/07/44.
(dite Marianne Colin)
née le 17/09/22. Assassinée le 08/07/44.
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Amoureuse
Rien, aucune créature au monde n'est plus ridicule, et déplaisante, qu'une fille amoureuse : du matin jusqu'au soir, elle sourit vaguement, prunelles clignotantes et bouche entrouverte. De temps à autre, l'amoureuse rougit (sans doute pense-t-elle, la pauvre chérie, à des caresses jugées par elle scandaleuses). Ou alors elle grimace : ce doit être la jalousie qui vient lui mordiller le coeur...
Hélas, ces accès de fragilité ne durent pas. Le visage de l'amoureuse reprend au plus vite cet insupportable air de reine : surtout, ne me dérangez pas, n'osez même pas me parler, je suis d'une autre race, supérieure à toutes les autres puisque j'aime et suis aimée.
Erik Orsenna, Les Chevaliers du subjonctif.
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Les anges du soufre
Les deux amants, sous la nue,
Songent, charmants et vermeils...
L'immensité continue
Ses semailles de soleils.
A travers le ciel sonore,
Tandis que, du haut des nuits,
Pleuvent, poussière d'aurore,
Les astres épanouis,
Tas de feux tombants qui perce
Le zénith vaste et bruni,
Braise énorme que disperse
L'encensoir de l'infini;
En bas, parmi la rosée,
Etalant l'arum, l'oeillet,
La pervenche, la pensée,
Le lys, lueur de juillet,
De brume à demi noyée,
Au centre de la forêt,
La prairie est déployée,
Et frissonne, et l'on dirait
Que la terre, sous les voiles
Des grands bois mouillés de pleurs,
Pour recevoir les étoiles
Tend son tablier de fleurs.
Les Etoiles filantes (fragment), Victor Hugo, 1865.
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La chevauchée des champs de blé
Par les soirs bleus d'été, j'irai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler l'herbe menue :
Rêveur, j'en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.
Je ne parlerai pas, je ne penserai rien :
Mais l'amour infini me montera dans l'âme,
Et j'irai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la Nature, - heureux comme avec une femme.
Arthur Rimbaud,
Mars 1870.
Mars 1870.